La société AVEC SA – le radeau de la méduse*

5 octobre 2025

L’avenir du GHM est encore, à ce jour, étroitement lié à la société AVEC SA malgré la nomination des administrateurs provisoires en mai 2023.
Que devient donc AVEC SA, la société mère de cette nébuleuse qui contrôle le GHM et un nombre importants d’associations dans le secteur médico-social, employant autour de 10 000 personnes?

L’été a été riche en rebondissements et coups bas.
Reprenons en faisant simple. 

La société AVEC SA a été placée en redressement judiciaire en mars 2024. La justice exigeant une mise en retrait de Bernard Bensaid, celui-ci a nommé une nouvelle direction chargée de préparer le plan de continuation qui doit être présenté en septembre 2025. La mission est délicate tant la crédibilité du groupe et de son fondateur est atteinte. Le nouveau président, Patrick François est nommé en mars 2025, le directeur général, Adam Oubuih est nommé en mai 2025.

Premier rebondissement : juillet 2025 , à peine nommé Adam Oubuih quitte le groupe AVEC avec l’assentiment de Patrick François.

Second coup de théâtre : mi-août 2025, Bernard Bensaid met en place un nouveau conseil d’administration, évince le tout nouveau président Patrick François et place l’un de ses proches à la présidence d’AVEC SA. La relative autonomie de Patrick François est insupportable à Bernard Bensaid.

Troisième coup de théâtre qui est un coup d’état :
Rappel : l’association AMAPA qui œuvre dans le médico-social est le plus gros employeur (4500 emplois) de la nébuleuse AVEC, elle est en redressement judiciaire depuis juillet 2024.
Début septembre Patrick François qui est demeuré président de l’AMAPA parvient à modifier son conseil d’administration et décide de ne pas prolonger les conventions liant l’Amapa au groupe Avec.
Bernard Bensaid juge illégal le nouveau conseil d’administration et réplique en faisant nommer sa femme à la présidence de l’AMAPA qui possède alors, en parallèle, deux conseils d’administration et deux présidents.

Quatrième acte
Début octobre la justice donne tous les pouvoirs aux administrateurs judiciaires de l’Amapa, écartant ainsi les deux prétendus présidents et plaçant de fait l’association sous administration provisoire. Le pseudo groupe AVEC est dévitalisé avec ses deux structures phares, le GHM et l’AMAPA, sous administration provisoire.

Et pendant ce temps-là, le plan de continuation présenté par le groupe AVEC début septembre est refusé par le Tribunal de Bobigny ouvrant la voie à une liquidation judiciaire de la société AVEC  SA. La justice constate «l’opposition unanime des administrateurs judiciaires, mandataires judiciaires, salariés, contrôleurs, juge-commissaire et ministère public».

Et pendant ce temps-là, le château de cartes de la nébuleuse AVEC continue de s’effondrer :

  • L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes et le Conseil départemental de la Haute-Savoie ont annoncé leur décision conjointe placer l’EHPAD Le Val Montjoie Les Myriams à Saint-Gervais-les-Bains sous administration provisoire à compter du 5 août 2025 en vue d’une cessation d’activité au plus tard le 31 décembre 2025.
  • Le 8 août la clinique de Chartreuse à Voiron ( « filiale » de l’UMG-GHM) a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Grenoble à cause d’importantes difficultés financières. Rappelons que Bernard Bensaid a prélevé 270 000€ sur la trésorerie de la clinique de Chartreuse et, à ce titre, est prévenu d’abus de bien de social.
  • En septembre 2025 l’école hôtelière ECOFIH demande auprès de la justice à bénéficier d’une procédure de sauvegarde.
  • En août 2025, à Beauvais, l’ASDAPA (association de services pour l’aide soins à domicile et aux personnes âgées) est retirée du groupe Avec et confiée à l’ADMR
  • L’Association Seniors Temps Libre (ASTL) à Metz, a été placée en liquidation judiciaire le 30 juin 2025.

Et pendant ce temps-là, suite à la plainte au pénal déposée en juin 2022 par les syndicats FO-GHM et CGT Isère, le 2 octobre 2025 le procureur de Grenoble Etienne Manteaux a requis un procès pour détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts à l’encontre de Bernard Bensaid. Il est soupçonné d’avoir détourné plusieurs millions d’euros des comptes de la clinique mutualiste et risque jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende pour détournement de fond et cinq ans d’emprisonnement et 500000€ d’amende pour prise illégale d’intérêts.
Le procureur indique qu’ “il reste très peu d’espoir, voire pas d’espoir du tout que le solde (6,4 millions) soit un jour reversé à l’UMG-GHM », rappelant que la clinique est « un établissement de santé privé d’intérêt collectif, dont 80% du chiffre d’affaires est constitué de dotations versées par l’ARS”.
Le procureur précise également qu’”au moins cinq enquêtes distinctes ont été ouvertes à son encontre sur le territoire national, qui n’ont pu être regroupées dans une seule juridiction en raison de leur caractère tentaculaire ». Il rappelle également que “le tribunal de commerce de Bobigny a prononcé le 27 mai 2025 à l’encontre de M. Bensaïd une interdiction de gérer toute société pour une durée de six années ».

Ces quatre derniers mois sont un véritable cataclysme pour le groupe AVEC mais ils mettent en lumière les pratiques frauduleuses et amorales de Bernard Bensaid qui continuera, sans aucun doute, à utiliser la justice pour essayer de gagner encore un peu de temps espérant un rebond impossible.

Il est plus que temps que la clinique mutualiste sorte des griffes d’une nébuleuse AVEC prédatrice et en pleine déroute.

Nous rappelons notre combat, commencé il y a plus de cinq ans, pour un GHM solidaire, à but non lucratif et à gouvernance locale et démocratique.

*métaphore pertinente empruntée à Michel Abhervé, journaliste.

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